Lexique du dispositif d'addictologie

Le dispositif d’accueil et de soins en addictologie

Les enjeux de l’offre de soins

Les patients présentant des conduites addictives ont des problèmes complexes et variés :

  • Sévérité de la conduite addictive,
  • Gravité des complications médico-psycho-sociales / comorbidités.

Ce qui implique une offre de soin complète, variée et cohérente capable de fournir une réponse coordonnée à l’ensemble des problèmes posés par chaque patient.

Il est important de connaître ce dispositif pour orienter en fonction des besoins le patient vers :

  • le niveau d’intensité des soins,
  • le type de structure et de programme.

Cette orientation est aussi fonction de l’offre de soins sur le territoire.


L’offre de soins est organisée autour de 3 pôles :

  • La médecine de ville, notamment les médecins généralistes, mais aussi tous les professionnels de santé
  • Les structures médico-sociales : CSAPA, CAARUD, CJC, SCMR, appartements thérapeutiques, communautés…
  • Les structures hospitalières, organisées en trois niveaux (proximité, recours et expertise régionale).

Les mouvements d’entraide ne font pas partie des dispositifs professionnels, mais ont un rôle dans l’aide et le soutien des patients. Dans ce cadre, des coopérations sont nécessaires entre professionnels et bénévoles. L’intervention d’usagers dans les structures de soins et le développement des patients experts en sont des exemples.

Les missions du dispositif de soins en addictologie

Les soins
  • Accompagnement ambulatoire (consultations)
  • Liaison intra et extrahospitalière
  • Sevrages simples (ambulatoires et en hospitalisation temps plein ou de jour)
  • Soins résidentiels complexes (hospitalisation temps plein ou de jour)
  • Soins médicaux et de réadaptation / hébergement thérapeutique / Réhabilitation / Réinsertion
  • Coordination des intervenants
Les autres enjeux
  • Prévention
  • Education thérapeutique du patient
  • Formation et diffusion de la culture addictologique
  • Recherche

Les soins de 1er recours, d’abord assurés par les professionnels de santé de ville


■ La médecine de ville, notamment la médecine générale, assure le repérage, l’évaluation, l’accompagnement des cas simples et si besoin l’orientation vers les structures spécialisées ainsi que la coordination des soins. Sont concernés  :

  • les médecins libéraux formés à l’addictologie qui exercent cette compétence dans leur cabinet,
  • les consultations avancées de CSAPA en cabinet de ville/maison de santé,
  • les microstructures (MS) qui permettent de constituer autour de certains médecins généralistes, dans leur cabinet ou maison de santé, une équipe pluriprofessionnelle dont le but est de faciliter l'accès aux soins et la prise en charge de proximité des personnes addictes. Ces MS se développent rapidement dans le cadre d’une expérimentation nationale.

D'autres professionnels sont également très concernés par les addictions

Il faut insister sur le fait que tous les professionnels de santé sont concernés par les patients présentant des conduites addictives pour en assurer le repérage, l’abord et si besoin l’orientation.

Les pharmaciens ont en particulier un rôle lors de la délivrance de médicaments  : conseils d’utilisation, recherche ou informations sur des interactions…

A noter qu’outre les médecins et les sages-femmes, les médecins du travail, les infirmières, les masseur-kinésithérapeutes, les chirurgiens-dentistes peuvent prescrire des substituts nicotiniques.
Les travailleurs sociaux et les structures sociales accueillent aussi beaucoup de personnes présentant des conduites addictives.

Le dispositif spécialisé en addictologie

Les Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA)
 

Ils sont le regroupement depuis 2008 des anciennes structures orientées vers l’alcool et les substances illicites dans un objectif de prise en soin globale des conduites addictives.

Les missions obligatoires :

  • Accueil
  • Information
  • Evaluation et prise en charge médicale, psychologique, sociale
  • Orientation
  • Actions de réduction des risques et des dommages  : limiter les risques sanitaires et sociaux liés à l’usage des substances psychoactives : information, échange de matériel…
  • Intégration dans les soins
  • Maintien et restauration du lien social

Les missions facultatives

  • Développer des consultations de proximité et le repérage précoce

D'autres missions peuvent être effectuées, selon les structures  :

  • Prévention,
  • Enseignement,
  • Recherche,
  • Prise en soins des addictions sans substance,
  • Interventions pour personnes sous main de justice,
  • Participation au dispositif de veille et d’alerte sanitaires

Les CSAPA peuvent aussi comprendre des structures d’hébergement :

  • De court séjour : Structures d’urgence ou de transition
  • De moyen et long séjour :
    • Centres thérapeutiques résidentiels (jusqu’à 1 an). Ces structures sont orientées vers la réhabilitation et la réinsertion sociale et professionnelle des patients
    • Appartements thérapeutiques (1 mois à 1 an). Permettent un ré-autonomisation progressive des patients
    • Familles d’accueil (quelques jours à plusieurs mois)
 
Les consultations avancées

Des professionnels non médecins (souvent une infirmière) peuvent être mis à disposition d’une maison de santé par un CSAPA pour effectuer des consultations sur place dans un objectif d’accès aux soins de proximité et non connoté.

 
Les consultations jeune consommateur (CJC)

Ces consultations se sont beaucoup développées. A l’interface de la prévention et des soins, elles accueillent des jeunes consommateurs qui s’interrogent sur leur(s) consommation(s), ainsi que leur entourage : faire le point, si besoin proposer une aide avant que la consommation devienne problématique.
L’accueil, gratuit et confidentiel, peut porter sur toutes les addictions.
Gérées en général par un CSAPA, elles sont souvent situées dans les lieux pour ados : maisons des ados…

 
Les Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des Risques pour Usagers de Drogues (CAARUD)

Ils s’adressent à des personnes non encore engagées dans des démarches de soins et/ou exposées à des risques particuliers (infectieux…), dans un objectif de réduction des risques et des dommages (RdRD).
 
Les missions des CAARUD sont :

  • Accueil
  • Information
  • Conseil
  • Aide à l’accès aux soins
  • Aide à l’accès aux droits (logement…), à l’insertion professionnelle
  • Mise à disposition de matériel de prévention et de réduction des risques (stéribox…)
 
Les Haltes Soins Addictions

Appelées plus communément salles de consommation à moindre risque, elles ont un double objectif : améliorer la santé publique ainsi que la tranquillité publique.

Elles élargissent les possibilités d’accueil, en amont des soins, des usagers de drogues et en particulier les injecteurs très marginalisés. Dans une optique de réduction des risques et des dommages, ce dispositif leur permet :

  • de s’administrer leur produit en garantissant l’hygiène et la sécurité évitant les overdoses mortelles,
  • d’éviter ces administrations dans des lieux publics.

Elles permettent à l’usager d’être en contact avec des professionnels soignants, des assistants sociaux, des éducateurs et d’évoluer vers l’amélioration de leur situation sociale, d’accéder à un hébergement, puis à une demande de soins.

 
Le dispositif hospitalier spécialisé

Les personnes présentant une conduite addictive peuvent être accueillies dans les établissements de santé dans le cadre général des soins  : urgences, maladies intercurrentes… Il existe cependant des structures dédiées aux soins addictologiques.

Ce dispositif est structuré en 3 niveaux :

  • Niveau 1, de proximité : Il offre des consultations d’addictologie, une activité de liaison intra et extrahospitalière, et des possibilités d’hospitalisation à temps plein ou en HDJ pour sevrage simple. Ces structures sont maintenant très développées dans beaucoup d’établissements hospitaliers publics.

  • Niveau 2, de recours : Ces structures offrent les activités de niveau 1 auxquelles s’ajoutent une unité d’hospitalisation, temps plein et/ou temps partiel, permettant de réaliser bilans, prises en charge des complications et sevrages, mais proposant aussi, dans le cadre d’une unité dédiée avec une équipe soignante pluriprofessionnelle et spécifiquement formée à l’addictologie, des programmes de soins orientés vers la modification des conduites addictives (soins complexes). Ce niveau comprend aussi les soins médicaux et de réadaptation (anciennement soins de suite et de réadaptation) spécialisés en Addictologie.

  • Niveau 3, d’expertise régionale : C’est un niveau 2 avec des missions d’enseignement et de recherche. Ces structures sont habituellement situées dans les CHU.

Les soins médicaux et de réadaptation spécialisées en addictologie (anciennement soins de suite et de réadaptation)

Il s’agit d’unités individualisées bénéficiant d’une équipe soignante pluridisciplinaire formée, médicalisée, qui proposent des séjours résidentiels de 1 à 3 mois et, de plus en plus, des programmes en hospitalisation de jour. Ces séjours peuvent être programmés au cours d’un suivi ambulatoire, mais souvent à la suite d’un séjour hospitalier.

Les soins sont orientés vers la consolidation du changement de consommation décidé par le patient, le plus souvent son arrêt, le projet de vie de la personne, sa réhabilitation, sa réinsertion.

Des structures orientées vers les troubles des fonctions cognitives liées à la consommation de substances psychoactives se développent avec comme objectif la récupération des troubles, de l’autonomie des patients et à défaut l’optimisation des fonctions résiduelles. Elles ont des équipes adaptées aux handicaps des patients et spécifiquement formées.


Toutes les structures présentées ci-dessus et situées en Grand Est sont répertoriées dans l'annuaire régionale des dispositifs d'addictologie.