ALLER VERS LES CHEMSEXEURS

Le chemsex, phénomène émergent depuis une dizaine d’années concernant principalement les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, a gagné en visibilité, notamment du fait de la crise de Covid-19, qui a fait évoluer certains comportements. Malgré l’apport des associations communautaires pour suivre ce phénomène, le contexte privé associé à celui touchant à l’intime, rendent complexe l’obtention de données pour véritablement le quantifier. Le chemsex pose ainsi des défis significatifs en matière de santé publique, associant des risques multifactoriels dont les plus évidents sont la dépendance aux substances utilisées, le risque de surdoses, celui du consentement altéré, ainsi que des comportements sexuels à haut risque avec une possible recrudescence des infections sexuellement transmissibles.

La feuille de route 2021-2024 de la stratégie nationale de santé sexuelle porte une dynamique. En inscrivant, parmi ses actions prioritaires, une action dédiée à l’amélioration du repérage et de la prise en charge du chemsex, elle confirme son importance en matière de santé publique pour le ministère chargé de la santé. Cette action a pu s’appuyer, d’une part, sur le projet ARPA-Chemsex, d’autre part, sur le rapport produit par le professeur Amine Benyamina. Enfin, la dernière édition, en cours de finalisation, de l’enquête « Contexte des sexualités en France » a, pour la première fois, introduit des questions autour de la pratique du chemsex. Son panel large (plus de 37 000 personnes, dont 10 000 en Outre-Mer, de 15 à 89 ans) permettra de quantifier le phénomène et sa potentielle diffusion à un public plus large qu’actuellement perçu. Sur la base de ces différents éléments, la prochaine feuille de route « santé sexuelle » sera l’occasion de déployer des actions complémentaires permettant de répondre aux besoins territoriaux et populationnels que peut induire cette pratique, cela, dans une approche transversale touchant autant la santé sexuelle, la santé mentale que la prévention des addictions.
En ce sens, le présent guide d’accompagnement représente déjà une opportunité pour toute structure voulant prendre en charge les usagers de chemsex sur ce modèle pluridisciplinaire. Il est un outil indispensable pour sa mise en place. Fort de la valorisation des expériences et des bonnes pratiques de terrain liées à ce projet, ce dernier permettra, nous l’espérons, la création de réseaux dynamiques entre les différentes structures médico-sociales impliquées (CeGIDD, CSAPA, CAARUD), les associations communautaires et les médecins de premier recours afin de mieux prévenir et prendre en charge ces pratiques à risque.